Critiques du disque

FORUM OPERA LOU TREMER

Laurent Petitgirard (né en 1950)
Joseph Merrick, the Elephant Man
Opéra en quatre actes sur un livret d'Eric Nonn

Jana Sykorova (Elephant Man)
Nicolas Rivenq (Docteur Treves)
Robert Breault (Tom Norman)
Valérie Condolucci (Mary)
Elsa Maurus (Eva Luckes)
Nicolas Courjal (Carr Gomm)
Magali Léger (La Colorature)
Mari Laurila-Lili (Jimmy)

Orchestre Philharmonique de Nice
Choeur de l'Opéra de Nice
Direction musicale : Laurent Petitgirard

1 DVD Marco Polo 2.220001
(Filmé à l'Opéra de Nice le 29 novembre 2002

Eclatante confirmation
Composé entre 1995 et 1998, l'opéra de Laurent Petitgirard avait connu les studios d'enregistrement avant même sa création scénique. Nous avions dit alors tout le bien qu'il fallait penser de cet admirable plaidoyer humaniste, remarquablement écrit pour les voix, et nous avions souligné son incontestable potentiel dramatique et émotionnel. L'ouvrage semblait posséder toutes les qualités pour s'imposer au répertoire, ce que le présent DVD, enregistré en 2002 à l'Opéra de Nice, vient confirmer de manière éclatante. Je n'hésiterai pas, en ce qui me concerne, à placer Joseph Merrick au sommet de la production lyrique française des quinze dernières années, à côté notamment du Château des Carpates de Philippe Hersant. Le renouvellement du répertoire opératique me semble en effet devoir reposer sur de tels ouvrages, qui mettent une inspiration mélodique et un traitement de la voix hérités de la meilleure tradition au service d'une écriture moderne, et pas seulement sur des recherches formelles radicales.

La réalisation de Daniel Mesguich a fait l'objet, à sa création, de commentaires divergents. Présentant le drame dans une impitoyable crudité, elle a pu déranger, voire choquer certains spectateurs, car l'on sait que notre société bien-pensante répugne à regarder ses travers et ses bassesses, et préfère écouter, à l'image des bourgeois de Nuremberg, la voix rassurante du veilleur de nuit. La vision proposée me semble pourtant en plein accord avec l'esprit et la thématique de l'oeuvre, plus complexe et bien moins manichéenne que le film homonyme de David Lynch, et je lui reconnais personnellement de nombreux atouts. En s'appuyant sur les décors habiles de Frédéric Pineau et les superbes éclairages de Patrick Méeüs, le metteur en scène nous entraîne avec une grande intelligence dans un univers captivant, à mi chemin entre réalisme sordide et onirisme poétique. L'atmosphère oppressante du premier acte est parfaitement rendue, la tension résultant particulièrement de la présence centrale d'un Merrick enfermé dans sa caravane mais dont on perçoit chaque mouvement par transparence. Cette entrée en matière est dominée par le Tom Norman de Robert Breault, excellent comédien dont le personnage gagne à la scène une crédibilité nouvelle. Son face-à-face avec un Treves autoritaire mais parfois troublé (l'impeccable Nicolas Rivenq, autre "rescapé" de l'enregistrement en studio) constitue incontestablement l'un des temps forts de la représentation.

Le deuxième acte nous enseigne que la cruauté régnant à l'hôpital n'est pas moindre que celle que l'on a observée à l'extérieur. L'atmosphère y est aussi étouffante et la superbe prière des malades, l'une des plus belles pages de la partition que nous avions grandement appréciée en tant que pièce de concert, prend dans cette impitoyable présentation une nouvelle tonalité et une force accrue. Nathalie Stutzmann avait enregistré le rôle-titre ; la tchèque Jana Sykorova lui a succédé à Prague puis à Nice, et il faut saluer sa prestation très convaincante, sur le plan scénique comme sur le plan vocal. Son timbre profond souligne l'étrangeté et la souffrance du personnage, que Laurent Petitgirard a eu la remarquable idée de confier à un contralto. Dans cet univers pesant, la fraîcheur vient uniquement du personnage de Mary, remarquablement interprété par la lumineuse Valérie Condolucci. Toute en blondeur et en blancheur, cette jeune et séduisante artiste campe avec grâce et talent l'infirmière compatissante.

Les temps forts s'enchaînent dans cette oeuvre remarquablement construite par le compositeur et son librettiste, Eric Nonn. Ainsi, au troisième acte, à l'insoutenable exhibition de Joseph Merrick devant le corps médical qui nous inspire les mêmes sentiments qu'à une Mary prostrée à l'avant-scène, succèdent les couplets consolateurs d'Eva, chantés par Elsa Maurus avec de belles couleurs mais une diction perfectible, puis deux face-à-face qui, grâce au talent de Jana Sykorova, expriment superbement l'humanité et la dignité de Merrick derrière ses malformations. A force de virtuosité et de panache, la charmeuse Magali Léger parvient à faire du périlleux air de la colorature au dernier acte autre chose qu'une simple exhibition vocale à la Fiakermilli. Daniel Mesguich utilise alors avec tact la thématique du théâtre dans le théâtre, avant d'aborder le finale avec une remarquable sensibilité. L'humanité peut enfin triompher, et l'ouvrage s'achève dans un climat de profonde émotion.

A la tête de l'Orchestre Philharmonique de Nice, Laurent Petitgirard est naturellement le mieux placé pour souligner la modernité de sa partition, mais aussi son lyrisme élégant qui l'apparente à la meilleure tradition française. La qualité de la prestation des choeurs de l'Opéra de Nice, sollicités de manière tout à fait traditionnelle dans cet ouvrage, mérite également d'être soulignée. Remercions donc le label Marco Polo qui diffuse le témoignage de ces représentations, et nous offre ainsi la confirmation des rares vertus lyriques et dramatiques d'un ouvrage qui mérite incontestablement de s'installer de façon durable au répertoire des maisons d'opéra. La réaction enthousiaste du public niçois, qui ne passe pas pour l'un des plus aventureux de l'Hexagone, en est la meilleure preuve.
Vincent Deloge

LES ANNEES LASER N°108, février 2005

Notre avis
Si cette version ne bénéficie pas de l'interprétation bouleversante de Nathalie Stutzmann, créatrice du rôle titre à Monte-Carlo en 1999, elle ne démérite quand même pas tant on est porté par cette œuvre d'un baroque pathétique et poignant, mise en scène de façon troublante par Daniel Mesguich. On retrouve ici tout le talent du chef et compositeur révélé au grand public à travers les ambiances intimes et diaphanes qu'il a su magnifiquement rendre dans la série Maigret, associé à un sens des plus appréciables de la langue française. Un indispensable de la musique d'aujourd'hui, à la fois moderne et très accessible, qui aurait mérité un support un peu moins chiche en matière de versions sonores et bonus.
JN

Pour son film, David Lynch s'était basé sur les mémoires "édulcorées" du Docteur Treves. Laurent Petitgirard a préféré une approche plus historique de cette tragique histoire.

Images : Véritablement sublimes. Lumière et atmosphère participent magnifiquement de l'ambiance générale de l'œuvre.
Son : Très correct, avec un beau rendu des timbres orchestraux. Pas de plaisir multicanal au programme !
Note technique : 4/5
Couleurs : 94' -
Naxos-Intégral Distribution, DVD9


  • The Gramophone
    Février 2005

  • Classica
    Février 2005

  • Scherzo
    Juin 2005

LE MONDE TELEVISION 16 avril 2005

JOSEPH MERRICK DIT ELEPHANT MAN
Cet opéra de Laurent Petitgirard est l'une des plus fortes créations lyriques de ces dernières années.

Les vrais sujets d'opéras sont rares, et l'histoire authentique de Joseph Merrick, atteint d'une maladie de la peau, qui a inspiré le film de DavidLynch, en est un. Le compositeur Laurent Petitgirard et son librettiste Eric Nonn en étaient convaincus quand ils se sont mis au travail en 1995. Ils ont seulement négligé d'attendre qu'un directeur d'Opéra prenne l'initiative en amont. En vertu de quoi les portes des théâtres se sont fermées devant eux quand il s'est agi d'en faire la création en France. Elle a donc eu lieu à Prague en février 2002 ; la reprise, en novembre 2002, à l'Opéra de Nice a réconcilié l'ouvrage avec le public auquel il était destiné. Et depuis ? Toujours rien en France, alors qu'aux Etats-Unis plusieurs productions se préparent.

Ce n'est que partie remise car, parmi tant d'opéras nouveaux qui se ressemblent tous, Joseph Merrick a pour lui une tonicité saine, de vrais moments d'émotion vocale, orchestrale ou dramatique et un langage très accessible, proche parfois de celui de la comédie musicale dégagée des stéréotypes et des fadeurs du genre. Ce n'est pas un opéra à airs : en dehors de celui de la soprano colorature, acrobatique jusqu'à la caricature et de la bouleversante Prière des malades chantée par le choeur, le principe est plutôt celui du récitatif ou de la conversation musicale. Mais bien souvent, au lieu de soumettre la ligne de chant aux exigences de la prosodie, Laurent Petitgirard a visiblement posé les mots sur des mélodies conçues indépendamment. De là beaucoup d'élisions, proches du langage parlé, et une certaine maltraitance de la langue, mais aussi une réelle vigueur.

Très bien filmée à l'Opéra de Nice par Jean-David Curtis, cette production mise en scène par Daniel Mesguich dans l'Angleterre d'Oliver Twist est servie par une distribution remarquable, placée, comme l'orchestre, sous la direction du compositeur. En dépit de quelques longueurs dans les deux premiers actes qui gagneraient à être resserrés, l'ouvrage possède une vraie force dramatique sans apitoiement sur un monstre qui jusqu'au bout conserve sa dignité.
Gérard Condé

OPERNWELT (march 2005)

Oper contra Film
Petitgirards «Elefantenmensch» konzertant und szenisch auf CD und DVD
Petitgirard: Joseph Merrick, The Elephant Man.
Nathalie Stutzmann
(Joseph Merrick), Nicolas Rivenq (Doctor Treves), Robert Breault (Tom Norman), Marie Devellereau (Mary), Sophie Koch (Eva Lükes), Nicolas Courjal (Carr Gomm), Celena Nelson-Shafer (Koloratursopranistin), Damien Grelier (Jimmy). French Opera Chorus, Monte-Carlo Philharmonic Orchestra, Laurent Petitgirard. Naxos 8.557608-09 (2 CDs); AD: 1999.
Jana Sykorova
(Joseph Merrick), Nicolas Rivenq (Doctor Treves), Robert Breault (Tom Norman), Valérie Condoluch (Mary), Elsa Maurus (Eva Lükes), Nicolas Courjal (Carr Gomm), Magali Léger (Koloratursopranistin), Mari Laurila-Lili (Jimmy). Nice Opera Chorus, Nice Philharmonic Orchestra, Laurent Petitgirard, Inszenierung: Daniel Mesguich, Ausstattung: Frédéric Pineau, Bildregie: Jean-David Curtis. Marco Polo 2.220001 (DVD); AD: 2002.

Joseph Merrick, den Elefantenmenschen, hat es gegen Ende des 19. Jahrhunderts wirklich gegeben. Er litt an einer genetisch bedingten Nervenkrankheit, die sein Äußeres derartig entstellte, dass er seinen Lebensunterhalt in den seinerzeit sehr populären Freakshows verdienen musste. Mit siebenundzwanzig Jahren ist er, wahrscheinlich aus freien Stücken, gestorben. Seine tragische Geschichte wurde 1980 von David Lynch mit einer hochkarätigen Besetzung (John Hurt, Anthony Hopkins, Sir John Gielgud und Anne Bancroft) erfolgreich verfilmt. Anderhalb Jahrzehnte später machte sich der französische Komponist Laurent Petit-girard (*1950) an eine Opernversion des Stoffes, die 1999 in Monte-Carlo konzertant und drei Jahre später in Prag (Koproduktion mit Nizza) szenisch uraufgeführt wurde. Naxos hat jetzt die konzertante Fassung auf CD, die szenische unter dem Label Marco Polo auf DVD herausgebracht. Die Oper lebt nicht, wie man argwöhnen könnte, von den Zinsen des Kinofilms, sondern geht ihre eigenen Wege. Während Lynch sich auf die Aufzeichnungen des Arztes Dr. Treves stützte, legt Eric Nonn dem Libretto Merricks eigene Biografie zugrunde. Das führt zu einem kritischeren Blick auf die Person des Doktors und wertet die Rolle des Schaustellers auf, der hier kein heruntergekommener Brutalo mehr ist, sondern eine besessene Künstlernatur. Und während der Film am Schicksal des «Monsters» Merrick einfühlsam und mit christlichen Untertönen die Frage nach der Würde des Menschen stellt, behandelt Nonn das Thema mit gesellschaftskritischen und satirischen Akzenten. Merrick gerät vom Regen in die Traufe, das Krankenhaus wird zum Jahrmarkt der Society. Die Parallelen zur heutigen Medienwelt, die skrupellos die Gebrechen und Leiden von Menschen ausbeutet, sind dabei keineswegs unbeabsichtigt.

Petitgirard kennt als Theaterdirigent das Opernrepertoire aus dem Effeff und hat zudem einige Erfahrungen als Filmkomponist gemacht. Das merkt man der Partitur zum «Elefantenmenschen» an. Sie bietet leicht verständliche szenische Gebrauchsmusik im besten Sinne des Wortes: Sie schafft Atmosphäre, beschreibt Situationen und charakterisiert die Figuren, ohne Originalität für sich in Anspruch zu nehmen.

Die sehr dichte und in der Personenführung genaue Inszenierung von Daniel Mesguich hat kinematografische Qualitäten, wenn auch andere als Lynchs Film. Wo dieser Bilder in Schwarzweiß und in Panavision komponierte, arbeitet Misguich auf der Guckkasten-Drehbühne mit Farbe und Licht.

Petitgirards Entscheidung, die Titelrolle mit einer Frau zu besetzen (um ihr Anderssein zu unterstreichen), geht in der Konzertversion durchaus auf, da Nathalie Stutzmanns androgyn klingender Kontraalt einer solchen Konzeption entgegenkommt. Auf der Bühne dagegen schafft die stimmlich ebenfalls vortreffliche Jana Sykorova mit ihrer ausgeprägt weiblichen Erscheinung, der das Timbre der Stimme entspricht, eine Verfremdung, die nicht unmittelbar einleuchtet. Beide Aufführungen sind erstklassig (und in den drei Männerrollen identisch) besetzt. Robert Breault ist mit hellem Tenorstrahl und hoher schauspielerischer Intelligenz als Showman Tom Norman zu bewundern, Nicolas Rivenq gibt dem Doktor mit seinem schlanken Kavaliersbariton gestalterisches Profil, und Nicolas Courjal hat als Manager des Krankenhauses imponierende Bassmittel einzusetzen. Die Schwestern sind in Monte Carlo (Marie Devellerau und Sophie Koch) und Nizza (Valérie Condoluch und Elsa Maurus) ebenbürtig, die an die Fiakermilli erinnernden irrwitzigen Koloraturen der im letzten Akt auftretenden Sängerin werden sowohl von Celena Nelson-Shafer als auch von Magali Léger bravourös bewältigt.
Ekkehard Pluta


  • Classica
    Novembre 2000

CLASSICA Novembre 2000

"Elephant Man" : On ne peut s'empêcher de penser au film de David Lynch et il est certain que l'opéra de Laurent Petitgirard et Eric Nonn n'échappera pas aux comparaisons. Le sujet est le même : il évoque le "cas" réel de Joseph Merrick, anglais atteint d'une maladie très rare, le neurofibromatose, mort à vingt-sept ans en 1890. On suit "l'homme éléphant" dans le "Freak Show" où l'exhibe Tom Norman, puis au London Hospital, où il est examiné par des médecins, notamment son "protecteur", le docteur Treves, et veillé par des infirmières attentionnées. Merrick, dont on découvre peu à peu la culture et la sensibilité, devient un personnage à la mode, recevant la bonne société dans sa chambre de l'Hospital. Il se suicide en réalisant un rêve de vie "normale" : dormir allongé, pour la première et dernière fois.

A partir de cette trame émouvante, Lynch avait dressé le portrait âpre d'une époque et de ses moeurs (la société victorienne) où la fatalité et la cruauté avaient vite fait d'emporter le pauvre Merrick. Dans le film, le forain était un cynique alcoolique, exploitant son "monstre"; Treves, un médecin ambitieux mais humaniste qui aidait Merrick à intégrer la société des hommes. Petitgirard et Nonn ont voulu quand à eux s'approcher de la réalité historique, plus ambigüe et complexe encore que dans le film, en visant aussi une certaine vérité psychologique; Merrick avait lui-même choisi de s'exhiber auprès d'un protecteur attentionné, c'était son seul moyen pour subsister. Dans l'opéra les médecins jouent un rôle plus ingrat encore que dans le film : l'exhibition à l'Hospital devient pire encore que celle des foires, montrant que c'est bien la manière dont on peu porter son regard sur les autres qui est monstrueuse, pas la difformité. Comme au cinéma, il faut ici attendre plus d'un acte (l'opéra en compte quatre) pour voir et entendre Merrick. D'abord voyeur, le spectateur finira par s'identifier à cet homme à priori si différent lorsquee, avant de mourir, il interpelle Dieu : "Mon Dieu êtes-Vous le mien comme celui des autres ?". S'interdisant l'amour, se sachant condamné par la maladie, Merrick trouve sa seule consolation dans la lecture, prouvant (et Petitgirard avec lui) que seul l'art peut sauver le monde.

Dès les premières notes, on sent l'affinité profonde de Laurent Petitgirard et de son librettiste avec leur sujet. (Petitgirard, attaché à la tonalité, chef d'orchestre, compositeur de film à succès et, qui plus est, réputé bon vivant, n'est-il pas d'une certaine façon un artiste "anormal", incompris dans le petit monde de la musique contemporaine ?). L'auditeur est d'emblée frappé par la beauté toute simple des mots, que le compositeur s'est attaché, tout au long des deux heures vingt-cinq d'une oeuvre sans temps mort, à rendre parfaitement intelligibles, dans la tradition d'un Poulenc. C'est ensuite la richesse de l'écriture rythmique qui séduira, comme la palette orchestrale, exploitée avec beaucoup de talent. Juste et efficace, Petitgirard sait rendre le sujet bouleversant d'humanisme, et il a eu l'audace d'inclure dans le drame des périodes drôles où la caricature n'est jamais vaine. Chose très rare aujourd'hui, l'opéra possède de véritables temps forts, des numéros qui devraient d'emblée assurer la popularité de l'oeuvre auprès de tous les publics (l'Air de la Colorature, plus aigu semble-t-il que celui de la Reine de la Nuit, ou cette magnifique Prière des Malades imitant Fauré). Bref, Petitgirard et Nonn ont écrit un opéra d'aujourd'hui mais intemporel; n'est-ce pas la définition d'une grande oeuvre ? Joseph Merrick dit Elephant Man sera donné pour la première foissur scène à Prague en février 2002 avant, on l'espère, une reprise rapide en France. Ce splendide enregistrement réalisé par le compositeur à Monte-Carlo avec une belle équipe de solistes risque de transformer cette attente en impatience.
Bertrand DERNONCOURT

OPERA NEWS May 2001

PETITGIRARD: Joseph Merrick dit Elephant Man
Stutzmann, Shafer, Devellereau, Koch; Breault, Rivenq, Courjal; Choeur Français d'Opéra, Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, Petitgirard. 1999. Text and translation. Le Chant du Monde LDC 2781139.40 (2)

Joseph Merrick, a disfigured Englishman who became a London celebrity in the 1880s, has been the subject of a 1980 film by David Lynch, as well as a Tony-winning Broadway play in 1979. This 1999 opera treatment of his life, with a score by Laurent Petitgirard and libretto in French by Eric Nonn, is a skillful, serious work. Nonn's well-constructed, effortlessly rhyming libretto affords Petitgirard the flexibility to shape the music accessibly, with recognizable motifs and set pieces. Occasionally, Nonn falters; the opening scenes at the freak show could have been telescoped, and some of the scenes à deux become a bit ambiguous. But there is much to admire in the storytelling, particularly the way Merrick is revealed slowly and steadily throughout, first remaining unseen, then unheard, then misunderstood, finally revealing the truest pain of his soul in the moments before his suicide. Even the ungainly title proves a good measure of the opera's attempt to highlight both the humanity and monstrosity of its subject.
Petitgirard's musical vocabulary reflects his French heritage -- the influences of Fauré, Ravel, Poulenc and Satie are evident -- but his subtlety, melodic gift and sensitivity to the drama make him well-equipped to inherit the mantle and create his own outstandingly original idiom. Tom Norman, the freak-show presenter, is given a seductive, lyrical aria, while Dr. Treves and the nurses communicate in staccato, detached style. The great irony, of course, is that Merrick is treated with deeper respect and understanding by Norman than by Treves, whose attentions are but a thinly disguised attempt to forward medical science. Far more discomfiting than the freak show is the medical examination, where a chorus of doctors chants the Hippocratic Oath with insistent superiority, while the naked Merrick is forced to listen to Treves's verbal dissection of his oddities. There is also an exquisite chorale for the patients in the hospital, which is beautifully performed by the Choeur Français d'Opéra. (Elsewhere, unfortunately, they sing flat.) Far and away the most surprising piece of music is "The Coloratura's Aria," which occurs in Act IV, when Merrick has become a society celebrity. Sung with jaw-dropping accuracy by Celena Shafer, this joltingly bizarre and nearly unperformable aria, with its wild yodels to high E and final, sustained high G, makes the Coloratura the most freakish character in the opera.
In a stroke of inspiration, the role of Merrick is assigned to a contralto -- like the character, not quite a man. (It's also probably the least common naturally occurring voice type today.) Nathalie Stutzmann gives a performance of restrained emotion as Merrick. She builds her character beautifully through the confrontations with Dr. Treves and the agony of Merrick's emerging sexual desire, to the full-throated revelations and quiet suicide of the final scene. Treves is presented rather one-dimensionally, and baritone Nicolas Rivenq, while singing with finesse and smooth tone, might have injected a little more humanity into his portrayal. As Tom Norman, tenor Robert Breault sings on the edge, capturing the character's combination of curiosity, respect and perversity. Soprano Marie Devellereau is moving as a young nurse who develops an attachment to Merrick, while mezzo Sophie Koch and bass Nicolas Courjal make strong impressions in smaller roles. Composer Petitgirard proves to be a deft and gifted conductor, and the Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo plays his difficult score with great feeling and precision.
It is unclear from the packaging whether or not this opera has ever been produced, but mid-sized houses, particularly in Europe, should take a serious look at it. No doubt it would prove even more powerful onstage than on disc.
Joanne Sydney Lessner

OPERA NOW march-april 2001

BODY AND SOUL
Laurent Petitgirard (born 1950) has so far been known mainly as a composer of instrumental works, including some 120 film scores, and as a conductor - he created the French Symphonic Orchestra in 1989. Joseph Merrick the Elephant Man, based on the life of Joseph Merrick, is his first opera. In late spring 1999, I was present while it was recorded in the Monte-Carlo opera house; The two-CD was finally issued this January by Le Chant du Monde (distributed by Harmonia Mundi) and a stage premiere is planned in a year's time, in Prague, with the original recorded cast.
The music can first be described as accessible -until recently a term of abuse. Gradually, thank God, this particular bigotry is fading. Petitgirard has enormous admiration for Benjamin Britten, and he likes to think he belongs to the "same musical family" - even though, as he hesitantly put it, perhaps only as a "tout petit neveu". There is a passionate, lyrical quality to both his orchestral and vocal scoring that does indeed show kinship with Britten. Not to mention considerable innovative talent in instrumentation, and an instinctive understanding of the specifics demands of opera composition : the voice is always clearly audible over the orchestra - no doubt a useful spin-off from many years of conducting opera, but one so many opera composers today ignore.
The sad story of Joseph Merrick (1863-1890), who was born with horrifiying deformities, and exploited both as freak show exhibit and as medical curiosity, is told by Petitgirard and his librettist Eric Nonn in short scenes, beginning when Merrick is with the freak show, and continuing to his death by virtual suicide. Because of his enormous head, he has always had to sleep in sitting position, but one night he decided to lay down and sleep -"Je veux dormir comme un homme…" - knowing this would break his neck.
The only overt attempt to allegorising Merrick's story is in the music : Petitgirard very astutely chose a mezzo voice to sing Merrick (in this recording, that intelligent and excellent young singer Nathalie Stutzmann).
A lesser man would have it on a bass, or possibly a countertenor, but a mellow women's voice is not only a startling choice, but brings out the pathos of Merrick's tragedy of being a "normal" human being trapped cruelly in a grotesque body.
Another voice that full expresses the character is a high coloratura for fashionable actress (she only appears in the final act) who proposes marriage to Merrick, seeing the sensational advantages of publicity. This character is as grotesque morally as Merrick is physically and her music is set fiendishly high - one of France's most distinguished coloratura sopranos pronounced the music unsingable. Petitgirard found a 22-years-old coloratura from Salt Lake City, Celena Nelson-Shafer, already possessing quite staggering vocal agility.
Petitgirard staged her first appearance in the recording session for maximum effect. He ordered an orchestral run-through of her main aria, then called her on stage. She sang this unsingable music with apparent ease, ending on a ringing G above the top C. There was a stunned silence, then the whole orchestra broke out in cheering and clapping. A wonderful moment. This young girl is destined for a great career, as she also has the basis of solid musical training. Apart from this aria, the rest of the opera is virtually all through-composed, the dramatic elements adroitly handled. The work has a cast of high main caracters, plus chorus, and is scored for full orchestra.
Della Couling

FANFARE March-April 2001

PETITGIRARD Joseph Merrick so called Elephant Man. Laurent Petitgirard, cond; Nathalie Stutzmann (Elephant Man); Nicolas Rivenq (Doctor Treves); Robert Breault (Tom Norman); Marie Devellereau (Mary); Sophie Koch (Eva Lückes); Nicolas Courjal (Carr-Gomm); Celena Nelson-Shaffer (The Coloratoura); Ch of the french opera, Monte-Carlo PO.LE CHANT DU MONDE LDC 2781139-40 (2 CDs: 145:32-)

Joseph Carrey Merrick was born in England in 1863 and suffered from a rare illness that deformed and enlarged his head, making him into a fairground spectacle under the name of The Elephant Man. Saved from this degrading spectacle by Doctor Treves, and taken to the London Hospital, he finds that he was moved from being a fairground attraction to a hospital exhibit. There is a period when he discovers compassion and love from Mary, and life briefly has a semblance of normality, but it disappears when many distinguished people are invited to visit the London Hospital to see this sad character. Treves and the Hospital become famous, but there is nothing either can do to reverse this progressive illness. Merrick knew full well that the weight of his enormous head would crush his cervical vertebrae should he ever lie down to sleep. Such rest had to be taken in a sitting position. In april 1890 he was discovered lying down, presumably in a final decision to end his life.
Laurent Petitgirard's librettist, Eric Nonn, has chronicled Merrick's life in a four-act opera that does much to capture the story of exploitation, and the unremitting sadness of the young unfortunate man. There is piece of pure license taken by Nonn in the final act, when, to excite a more dramatic conclusion, Merrick is seen to take his own life, a fact that was always shrouded in uncertainty. It is a text that easily moves into music the words sharply and instantly establishing the nature of each character, from the money grabbing fairground showman, Norman, to the bluff and somewhat sinister Doctor Treves, whose motives in the life of Merrick where questionable. Interspersed into the basic story are a number of colourful people, providing Petitgirard with an opportunity of creating atmospheric orchestral writing.
For the past 20 years Petitgirard has enjoyed considerable acclaim in France as an orchestral composer and conductor of symphonic and film music. He came to the notice of concert audiences in United States with the 1995 performance in New-York of his symphonic poem, Le Marathon. Though better known as a conductor of the French Symphony Orchestra, which he founded in 1989, ne now has over 120 published scores, Joseph Merrick called Elephant Man having been completed in 1998. Its style owes much to the influence of Honegger and it is no coincidence that Petitgirard has conducted his operas and has recorded his dramatic cantata Joan of Arc at the Stake. There is also a hint of Poulenc in many of the lyrical moments, the work being cast in a modern tonality, with the conventions of arias, duet, and choral sections that date back to the opera of Mozart. Yet it is a sound world that is quite unique, embracing some of the effects you would find in modern film scores, the closing scene having a touch of Hollywood-style-grief.
The unusual aspect of the score is the use of a deep contralto female voice for Merrick, though one could well believe that the deformity to his head would have robbed him of a normal male tonicity. The remaining characters are almost self-selecting in the singing voice allocated to them, with Norman as a slick tenor, and Treves a slight baritone. To set the scene Petitgirard has skillfully used short interludes, the arias having new ideas that tumble over themselves to take their place. Though there is little thematic development, these multifarious ideas do create a cogent whole, the orchestral scoring proactive in creating the characters.
The booklet, which has the text in French and English, is curiously devoid of information on the work and on his recording. I do know that the opera was scheduled in 1999 to be made into a film for the television station France 3. This possibly is the recording that formed the soundtrack for the film. It was made in may 1999 at the Opera Garnier in Monte-Carlo, with the composer conducting. There is a slightly muffled quality to the orchestra, particularly to the upper strings, as if it where playing in the theater pit, with the voice well forward, allowing for very clear diction. As Merrick had difficulty in talking, Stuzmann's role is relatively brief, the character making its first appearance only in the second act. The final does, however demand that the singer quickly gather our sympathy, it ask wich Stuzmann fully achieves. She deploys hear voice with great skill, from Merrick's first fallering words to the major aria in the fifth scene of the third act. The score calls for 15 soloists, many with very small roles, and, throughout, the quality of singing is excellent, with Rivenq as a riveting Treves, and a superb cameo role from Sophie Koch as Eva Lückes. The leading soprano part is given to Mary, sung by Marie Devellereau, whose silvery tone takes us from the character's faltering introduction to Merrick to the strange affection that grows between the two. Less comfortable is Celena Nelson Shafer, the role of The Coloratura making one fear for her future career.
Having recently had to sit though several new operas in my diet as a newspaper critic, it has been very welcome to encounter a contempory score that I could immediately enjoy. Whether this mix of modernity and tonality will take music in our new millennium only history will decide. So far as The Elephant Man is concerned, I am going to "sit on the fence" with a final recommendation, and simply say that, for those who enjoy Honegger and Franck Martin, it is well worth hearing.
David Denton

SUNDAY TELEGRAPH

This is a four-act opera by the French composer Laurent Petitgirard, with a good libretto by Eric Nonn, about Joseph Merrick, deformed by a rare disease and known as the Elephant Man because of the deformity of his head. Strange operatic fare, perhaps, but it is a compelling score and would make as powerful an impact on stage as it does on this excellently recorded discs. Petitgirard, who was born in 1950, writes in what some might call an outdated idiom, but only if you regard Britten, say, as outdated. His melodic gift is very much his own - it is difficult to pin down an obvious influence.
Petitgirard shows us Merrick at different stages of his tragic life until his death aged 27 in 1980. First he is exploited as fair-ground freak exhibit but abandoned when he is no longer a novelty. In a London Hospital he is cared for - and exploited - by the Doctor Frederic Treves. Lastly we see him as a celebrity, visited by royalty and wooed by an actress (coloratura soprano). Told that his condition is worsening, he lies down so that the weight of his head breaks his neck.
All the characters are well drawn, especially the sympathetic Mary (Marie Devellereau), who understands Merrick better than anyone. The baritone Nicolas Rivenq is impressive as Treves. The role of Merrick is given to a contralto (Nathalie Stutzmann), a clever decision which sets the character apart. The composer conducts a gripping performance of this fine opera.
Michael Kennedy

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Fond, at times, of Ravel's stirring oboe-range tones, Laurent Petitgirard is likewise fond of the dancing quality of French impressionist composition. This is not to say that Petitgirard's first opera, Joseph Merrick dit Elephant Man is at all a dance piece, but only to note that the flurrying notes and cascading washes of strings run up against ominous horn calls and invoke impressionist techniques both obliquely and overtly. The story here is that of Joseph Merrick, whose rare condition, which many concluded was neurofibromatosis and others now claim was the even rarer Proteus syndrome, disfigured his face and earned him notoriety as the "Elephant Man." Petitgirard tracks Merrick through four acts--and a thoroughly moving libretto from Eric Nonn--demonstrating how the emergence of Merrick as a public spectacle signified the transition from the Victorian to the modern age. The music straddles both worlds, with much of it cloaked in hefty, sweeping string layers and classically operatic vocal breakthroughs from Nathalie Stutzmann (as Merrick) and the entire cast. The modern elements come through in the haunting shadows that Petitgirard creates behind Nonn's libretto and the pair's attention to the factual details of Merrick's life. Inevitably, Petitgirard's work will draw comparison to David Lynch's 1980 film. Petitgirard's use of choral segments to move the drama along is masterful, and the work reveals a singular talent, one that draws on the musical past (and present) but also goes beyond mere stylistic summation or pastiche and creates a moving, modern work that will have astonishingly broad appeal.
Andrew Bartlett

SCHERZO AVRIL 2001 (Madrid)

UN MODELO DEL HORROR
Hace un año, la contralto francesa Nathalie Stutzmann se refería a la ópera Joseph Merrick Ilamado Elephant Man en una entrevista concedida a esta revista. Por fin nos Ilega el registro que se había realisado unos meses antes en Monte-Carlo. La historia del desdichado Joseph Merrick volvió a ser conocida, tras un largo olvido, gracias a la película de David Lynch protagonizada nada menos que por John Hurt, Anthony Hopkins, Sir John Gielgud, Anne Bancroft y Wendy Hiller (1980). Joseph Merrick fue un hombre atacado por una extraña enfermedad que le deformó por completo y le convirtió en atracción debarraca de feria, primero,y en atracción social, más tarde. Era a fina-les del siglo XIX y el filisteismo imperante apenas pudo disimular que construía un modelo más del horror. El compositor Laurent Petitgirard y el libretista Eric Nonn han escrito una ópera que entra de lleno en la tradición de la solidaridad con los desdichados, a la que pertenecen tan-to Wozzeck como Soldados. Petitgirard ha escrito el papel del protagonista para la voz carnal y profunda de Stutzmann, lo que parece un acierto, aunque la peculiaridad y capacidades de esa voz fascinante e irrepetible hace temer que en el futuro no pueda tener fácil continuidad. Pero de momento estamos en el presente, esto es solo una grabación de concierto, y el estreno escénico parece que tendrá lugar el año que viene, en Praga.
El procedimiento de Petitgirard podría considerarse tradicional si aún supiéramos a qué nos referimos con eso cuando hablamos de la música de los timos cincuenta años Tan tradicional es ya componer una obra a partir de acordes y soluciones tonales como seguir la huella de la vanguardia europea. Petit-girard se sitúa, aunque con matices, en la tradición que parte de Debussy, Ravel y los Seis, e incluso modelos anteriores (como Chabrier) y pasa tanto por Dutilleux como por Landowski, lo que tal vez díl é una idea demasiado amplia. El caso es que Petitgirard consigue su propia fór-mula, y esos nombres que invocamos no son sino referencias que nos permitirán comprender que aquí no hay nada de Viena, nada de Zimmermann, nada de Nono o Maderna o Reimann; si tuviéra-mos que
señalar un solo título para entendernos ese podría ser (con todos los matices que queramos, con todas las distancias en cuanto a conciencia sonora después de cincuenta años) el de Dialogues des Carmélites. Se trata de escenas breves en verso libre en las que hay una progresión de situaciones, desde la barraca de feria a la adulación de personajes encopetados y ese suicidio que consiste en que Merrick, por una vez, se tiende para descansar, aun sabiendo que el enorme peso de su cabeza le romperá las cervicales.
La música es muy bella y los personajes estan definidos con considerable ariedad de procedimientos: la nobleza del doctor Treves o de Mary; la línea media, nada sinuosa, del cínico Tom Nor-man; la caricatura de los permanentes y chirriantes agudos de La coloratura, que es como un equivalente deformado de Mary... Las situaciones dramáticas raras veces llegan al clímax, pues lo emotivo lo da la historia misma, lo que sabemos sin necesidad de verlo de manera directa. Estamos ante un recitativo cantabile que a menudo remonta el vuelo hacía lo lírico o lo dramático, y que en determinadas ocasiones es puro canto. El acompañamiento, discreto unas veces, abundante en efectivos otras, tiene semejante variedad en lo tímbrico y lo armónico a la de la caracterización de los personajes.
El reparto resulta muy adecuado. Realmente excelente en la protagonista, Nathalie Stutzmann, que de nuevo nos asombra con lo especffico de su voz, de su amplío registro, de su capacidad de matizar y decir, de su oscuridad y su capacidad expresiva. A su lado, le dan excelente réplica Nicolas Rivenq, Robert Breault, Marie Devellereau, Sophie Koch y, desde luego, esa fenomenal soprano que caricaturiza a las sopranos, Celena Nelson-Shafer. La dirección del propio compositor, sin que tengamos posibilidad de contraste, resulta muy medida, muy efusiva y sugerente. Estamos ante una novedad operística de primer orden que, opuesta a la vanguardia y sus secuelas, reclama de nosotros con todo derecho un lugar en las novedades líricas más intere-santes de los últimos tiempos.
S.M.B.

PETITGIRARD: Joseph Mernck dit Elepbant Man. Opera en cuatro actos.
Nathalalie Stutzmann (Elephant Man),Nicolas Rivenq (Doctor Treves), Robert Breault (Tom Norman), Marie Dellereau (Mary), Sophie Koch (Eva Lückes), Nicolas Courjal (Carr Gomm), Celena Nelson-Schafer (La Colorature) choeur Francais d'Opéra
Orquiesta Filarmónica de Monte~Carlo. Director:Laurent Petitgirard. 2CD LE CHANT DU MONDE LDC 2781139.40.
DDD. 145'32". Grabación: Monte-Car-lo, v/1999. Productor: Etienne
Collard. Ingenieros: Francis Gavet,
Phillippe Pelissíer. Distribuidor: Harmonia Mundi N PN

RÉPERTOIRE novembre 2000

JOSEPH MERRICK DIT ELEPHANT MAN
Laurent Petitgirard occupe, dans le monde de la musique contemporaine, une place singulière. Par le style de son écriture, par ses références, il est quasiment le seul, surtout depuis la disparition de Marcel Landowski, à illustrer une voie française dans la tradition de Ravel et Honegger. Cela l'a fait juger sévèrement, mais, outre le métier certain, il faut bien admettre que cette musique peut passer auprès d'un large public. En un temps où l'on répète que le genre ne se renouvelle plus, ce sont des ouvrages comme celui-ci, qui, s'ils étaient régulièrement représentés, pourraient revivifier la vie lyrique en intéressant un public de bonne volonté trop souvent rebuté par un art en rupture absolue avec les codes habituels de l'opéra. D'ailleurs, les interprètes eux-mêmes ne s'y trompent pas. Que de brillants chanteurs familiers de la vocalité classique, comme Nathalie Stutzmann, Nicolas Rivenq ou Marie Devellereau, fassent partie de cette distribution est significatif. Les artistes veulent renouveler leur répertoire sans y laisser leur voix et en chantant des choses... chantables. Autre indice l'Opéra de Prague, qui va créer l'ouvrage au cours de cette saison dans une mise en scène de Daniel Mesguich,l'a retenu pour faire partie de son répertoire régulier. Finalement, pour faire un bon opéra, il "suffit" d'un bon sujet, de personnages qui existent musicalement et retiennent l'attention et la sensibi-lité du public, de scènes gaies ou tristes, et même d'un peu de mélo. Ces ingrédients sont réunis dans Elephant Man. Le livret d'Eric Nonn reprend l'histoire vraie de l'Homme Eléphant, déjà traitée par David Lynch dans son célèbre film. La musique est d'un compositeur qui sait ce qu'est situation dramatique et comment l'illustrer avec habileté. Chaque scène donc traitée dans le style musical adéquat, d'ou un langage plus diversifié et efficace que vraiment personnel ou novateur. L'essentiel des dialogues est traité dans un récitatif animé et assez mélodique qui laisse bien percevoir le texte. Certaines scènes penchent vers la comédie musicale américaine (façon Bernstein). Ailleurs, on pense à Fauré, notamment dans les parties chorales. Ailleurs encore, en particulier dans les scènes entre Elephant Man et Mary; le lyrisme se réfère à un style discrètement postromantique. En raison de cette variété même l'opéra se laisse écouter sans peine. Il faut dire que la qualité de la distribution et de l'orchestre est pour beaucoup dans cette impression favorable. Certes Nathalie Stutzmann a trouvé là un rôle à sa mesure, mais toute la distribution est de qualité, avec une mention spéciale pour Marie Devellereau, l'une des valeurs montantes du chant français, et Celena Nelson-Sheafer; qui chante au dernier acte un air fort acrobatique. A quand la création francaise?
Jacques Bonnaure

L'AVANT-SCENE OPERA décembre 2000

JOSEPH MERRICK DIT ELEPHANT MAN
C'est le film de David Lynch qui a fait de Joseph Merrick une légende récente, en replaçant l'histoire - totalement véridique - d'Elephant Man dans la mémoire collective. Écrire un opéra sur le même sujet n'est pas moins ambitieux, puisqu'au delà de l'histoire de ce phénomène de foire "monstrueux" qui devint la coqueluche de la bonne société de son temps, il s'agit de montrer la cruauté du monde, celle de l'Angleterre victorienne, bien sûr, mais à travers elle notre cruauté propre de voyeur devant tout ce qui est hors norme. La force du film tenait dans le fait que le "monstre" y devenait vite attachant. C'est aussi le cas du personnage de l'opéra, au moins à l'écoute : la monstruosité n'y est pas visible, évidemment, et le choix très subtil de Nathalie Stutzmann pour incarner Merrick de sa voix sombre si particulière est une excellente façon de gagner ce pari que la partition prend de n'en pas faire un phénomène de foire musical. L'autre force de l'ouvrage, c'est son immédiateté musicale. Laurent Petitgirard n'a que faire des querelles d'écoles modernistes: sa musique avance aisément dans la tonalité, avec un orchestre très coloré et très rythmé, qui n'impose aucune barrière aux voix. Dans cette tradition française qui remonte à Poulenc pour la nature du chant, et au Stravinsky du Rake's progress pour la forme, l'intelligibilité est grande, et le texte de Eric Nonn passe bien son message d'émotion. La troisième réussite du compositeur est d'avoir su créer des moments de vraie nature opératique. Le plus efficace est la scène de la colorature, une prétendante à épouser Merrick, dont la pyrotechnie vocale s'inscrit bien au côté des folies vocales du Ge Po Po de Ligeti dans le genre impossible à chanter (parie que tient fort bien une Américaine inconnue, mais sidérante, Celena Nelson-Shafer). Mais les scène d'ensemble, fort bien tenues, la belle prière des malades qui conclut de façon traditionnelle l'acte II, le monologue final sont autant de belles scènes de genre. Certes, il s'agit ici plus d'un retour à la tradition que d'une plongée dans la musique de demain, mais Elephant Man s'écoute sans une baisse d'intérêt. La distribution, excellente, la direction attentive de l'auteur, tout concourt à faire de ce disque un moment rare autant que bienvenu, qui ganera sans doute à la scène (à Prague, en 2002), quelque force supplémentaire.
Pierre Flinois

OPERNWELT JANUAR 2001

Im Mahlstrom der Hölle
Ein schwieriges Sujet hat eine zweite französiche oper gewählt : Der Elephantenmensch, ein Kinohit, nun auch Gegenstand einer Oper. Doch so schwer es ist, sich das auf der Bühne vorzusteillen, so sehr uberzeugit die nusikalische Dramaturgie Laurent Petitgirard mit ihrer feinen Psychologie den Horer der Aufnahme aus Monte-Carlo. Im ersten Akt jst der Elephantenmensch Teil ciner Freakshow auf dem Jahrmarkt, ausge-beutet Von Norman, einem Tenor, der immerfort davon singt, wie sebr er doch Joscph Merrick Iiebt und schätzt -Robert Breault tut es mit einer inbrunst, auf die man hereinfallen wurde, fiele einem nicht bald auf, dass einer nie zu Wort kommt der Elephantenmensch "Auf lie Beine!", dieser Ausruf Normans wird zum Leitmotiv des ersten Akts, das im ubernächsten wleder an-klingt. Die Musjk klappert minimalistisch vor sich hin, Joseph Merriek, ein junger, gräßlich deformierter Mann, ist gefangen in der Mechanik dieser Welt.
lm zweiten Akt nimmt sich die Medizin seiner an. Dr. Treves redet auch lieher über ihn als mit him, nimmt ihn eigentlich erst im dritten Akt erstaunt als lndividuum wahr. Doch die Krankenschwestcr Mary (Marie Devellereau mit nicht zu mädchenhaftem Charme) entwickelt Gefühle für Joseph Merrick, der nun zu reden beginnt : Nathalie Stutzmann singt die Rolle mit warmem. Ruhigem Alt, beseelt und verletzlich. Nun ist auch das Orchester ruhiger, Kantilenen bestimmen die Atmosphäre. Im dritten Akt entwickelt Merrick dann eine aktive Rolle, reagiert nicht nur, sondern äußert eigene Gefühle, wider-spricht den Haltungen, die ihm entge-gengebracht werden.
Die Symposien der Doktoren allerdings wieder wieler zu Orgien minimalisticher Mechanik, frei von Gefühl, bestimmtt von Zwecken und Absichten gegenüber Objekten, nicht menschlichen Subiekten.
Im letzen Akt ist der Elephanten-mensch zur Attraktion der High Society geworlen, am abgründigsten verkörpert in einer besitzergreifenden Koloratur-sopranistin (Celena Neison-Shafer kann einem wirilich Angst machen). Sie ist natuürlich eine Verwandte der Türken-Baba aus "The Rake's Progress", wie Petitgirard ùberhaupt auf viele Muster dcr Vergangenheit auspielt - von Tchaikowsky uber Mussorgsky bis Mas-senet haben viele die Flieken geliefert, die in diesen Teppich eingewoben sind. Doch es ist ihm alles eigen geworden, sensibel verarbeitet und stimmungsvoll gestaitet, eine Musik, die den Hörer unwiderstehlich in den Bann schlägt.
Am Ende ist es nur noch die Musik eines 17 jährigcn Geigers, die den Elephantenmenschen, rasch gealert und herzkrank, tröstet. Da erfüllt er sich einen Wunsch : Er streckt sich zum ersten Mal auf Bett wie ein Mensch -auf den Rucken, in dem Wissen, daß sein monströser Kopf ihm im selben Augenblick das Genick brechen wird.
Bernd Feuchtner

KLASSIK HEUTE februar 2001

Zu seinen Lebzeiten war Joseph Carey Merrick mehr
aIs nur eine Jahrmarktsattraktion : Die Leidensgeschichte des wegen seiner monströsen Verwachsungen , Elefantenmann" genannten Mannes bewegte die Menschen. Vor einigen Jahren erinnerte David Lvnchs hoch gepriesener Film The Elephant Man an das Schicksal des unglückli-chen, vor zwei Jahren nahm sich auch die Oper dieser Geschichte an.
Der Franzose Laurent Petitgirard erzählt die Geschichte von Joseph Merrick genannt der Elefanten-mensch in einer vieraktigen Oper und nimmt den Vorsatz des Erzahlens sehr ernst : Es herrscht ein erzahlerischer, oft deklamatorischer Ton. Das klingt mal musicalhaft, mal minimalistisch, immer sehr anschaulich und bisweilen fast anrührend. Nicht zuletzt im Schluß bild, in dem Merrick (von der Altistin Nathalie Stutzmann inten-siv gestaltet) semer Todesmüdigkeit nachgibt..
Stilistisch bleibt Petitgirards Musiktheater in der Schwebe. Dem ist der Tonfall dieser grundsoliden Einspielung angemessen, die unter der Leitung des Komponisten entstand.
Rainer Wagner

FONO FORUM april 2001

ELEFANTÖS
Der Komponist Laurent Petitgirard zeigt ein besonderes Faible für den Fall Joseph Carrey Merrick, der aufgrund der gigantischen Verwachsungen seines Kopfes als Elefantenmann präsentiert würde. Neben der vorliegenden vieraktigen Oper schrieb er auch "Le Songe de Merrick" für Harfe solo. "Joseph Merrick" zeichnet linear den Lebensweg des unheilbar Krankn, von Jahrmartksobjekt zum Medienstar und zu einer von der hohen Gesellschaft gefeirten und gehätschelten Berühmtheit, bis hin zu seine Freitod.
Die bizzar anmutende Geschichte der Liebe einer Frau zu dem monströs Verwachsenen klingt gro§enteils tonal, ist reich an Lyrismen wie an Schlagwerk. Die Anomalie des elefantösen Patienten entrückt Petitgirard durch eine Hosenrolle. Grotesk zeichnet er indessen die Gesellschaft.
Während eine Bühnenaufführung wohl auf Schwierigkeiten stieße, erweist sich die Konzertante Darbietung unter der Leitung des Komponisten als spannenden Höroper. Neben der bezwingenden Altistin Nathalie Stutzmann in der Titelpartie überzeugt Nicolas Rivenq als Artz. Das Beiheft enthält das Libretto in französicher und englisher sprache.
Peter P.Pachl
intepretation ***** klang ****

DAS OPERNGLAS 06/01/2001

LAURENT PETITGIRARD
Ioseph Merrick dit Elephant Man
LE CHANT DU MONDE LDC 2781139.40, 2 CDs
Auf der Suche nach neuen Stoffen für die Oper erweisen sich die zeitgenössischen Librettisten als findige Historiker. Manch kurioser, teilweise in Vergessenheit geratene Fall wird so zu neuem Le-ben erweckt und findet seinen Weg auf die Bretter, die die Welt bedeuten.
So auch jüngst, da der Librettist Eric Nonn und der Komponist Laurent Petitgirard sich zu der Dramatisierung und Vertonung von Leben und Tod des "Freaks" Joseph Merrick. genannt Elefantenmann, entschlossen..Vorangestellt sei bemerkt, dass hinter dem Begriff,"Freaks" früher eine andere Bedeutung steckte. Es waren die menschlichen Abnormitäten, die auf den Jahrmärkten zur Schau gestellt wurden: Frauen mit Bärten, Siamesische Zwillinge und eben auch der Elefantenmann loseph Merrick, der an einer den Körper deformierenden Krankheit litt. In Grundzügen ähnelt sein Schicksal dem des in Deutschland bekannteren Kaspar Hauser. Auch er gerät in die Obhut, oder sagen wir besser Maschinerie der Wis-senschatt und gelangt schließlich zu medialer Bekanntheit durch die Presse. Den Höhepunkt dieses
Rummels bildet eine groteske Sze-ne, da ihm selbst die englische Kö-nigsfamilie ihre Aufwartung ma-chen will, zahlreiche Frauen der "upper dass" um seine Hand bit-ten - hier repräsentiert durch Co-Ioratura, eine delikat überzeich-nete Operndiva. Ebenso wie Kas-par Hauser macht der Elefantenmann eine Entwicklung durch. die einen wahren, reinen Menschen erkennen lässt, dem die moder-ne Industriegesellschaft als frag-würdige Leitkultur gegenüberge-stellt ist.
Der Stoff eignet sich hervorra-gend für die Oper. Das Schicksal dieses extremen Außenseiters ist geschickt in vier Akte eingeteilt, die entscheidende Stationen sei-nes Lebens repräsentieren. Für ein zeitgenössisches Werk ist die Mu-sik außerordentlich moderat ge-formt und lässt an klassischen Vorbildern geschulte Melodien er-kennen. Allerdings steht sie immer hinter dem Gesang zurück und bil-det lediglich den verzierenden Rahmen für Solisten und Chor.
Der Livemitschnitt von 1999 aus Monte-Carlo lässt mit seiner gedämpften Klangqualität ein wesentlich älteres Produktions-datum vermuten. Unter der mu-sikalischen Leitung des Kompo-nisten wird eine respektable Lei-stung vom Philharmonischen Or-chester Monte-Carlo geboten. Ebenso der Chœur Francais d'Opéra ist angenehm präsent. Das zarte "Priere des Malades" mit der Solostimme des Elefantenmannes wirkt anrührend demütig. Im Gegensatz dazu kommt der revueartige "Serment d'Hippocrate" des Ärtzechors schmissig daher.
Star der Produktion ist Natalie Stutzmann in der Titelpartie. Ihre Altstimme hat noch weiter an se-riöser Tiefe gewonnen, ohne in der zweifelsohne begrenzten Höhe an Qualität zu verlieren. Der Tenor Robert Breault als Zirkusdirektor Norman verfügt leider über eine zu enge Stimme und zu wenige Farben, seine Höhen wirken mü-hevoll forciert, sodass eine ermü-dende Eintönigkeit seines durchaus wechselvollen Gemütszu-stands eintritt. Ihm zur Seite steht als Assistent limmy der Knaben-sopran Damien Grelier, der den wunderschönen Titel trägt "So-prano de la Maîtrise des Hautes de Seine". Die Rolle ist zwar klein und beschränkt sich Zumeist auf kurze Einwürfe- Dennoch zieht Grelier den Hörer durch seinewei-che, engelsgleiche Stimme unweigerlich in den Bann. Auch seine-Sprechstimme überzeugt durch eine erstaunlich raumfüllende Prä-senz.
Sophie Koch als Oberschwester Eva Lückes fungiert als gutes aber mahnendes Gewissen und gefällt durch ihren warmen, voll strö-menden Mezzosopran. Als ihr Ge-gensatz ist die Rolle der Kranken-schwester Mary angelegt. Die Sopranistin Marie Devellereau erfüllt diese Aufgabe mit großem Enga-gement und femininer Leiden-schaft. Nicolas Rivenq als enga-gierter DoktorTreves verfügt über eine ansprechende Mittellage, kann ledoch den einzelnen Stim-mungen nicht den rechten Aus-druck verleihen. Da fehlt es noch an der Fähigkeit, expressive Durch-setzungskraft und leise Trauer zu gestalten. Eine exponierte Stel-lung nimmt Celena Nelson-Shafer als Coloratura ein. Sie repräsen-tiert die Hybris der Gesellschaft. Sensationslust und Entartung sind die Triebfedern, aus denen diese Partie geschaffen wurde. Diese ungewöhnliche Anlage ei-nes modernen Koloratursoprans, der sich bis zur entstellenden Ka-rikatur steigert, wird von ihr beein-druckend geboten.
A.Thot

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"Pour une fois je vais dormir comme un homme" Les dernières paroles de Elephant Man avant qu'il se suicide résonnent comme un aveu bouleversant. Sur un livret d'Eric Nonn, Laurent Petitgirard compose une musique puissante et instinctive, porteuse d'un message de tolérance. L'orchestre de Monte-Carlo et la distribution qui entourent la voix chaude de Nathalie Stutzmann découvrent des couleurs et des rythmes étonnants. C'est un siècle de musique française qui passe ainsi, marquant une tradition qui se prolonge de Ravel ˆà la musique d'aujourd'hui. Découvrez la "Prière des malades" ou bien "L'Air de la coloratur" : voici déjà une œuvre du grand répertoire.
Maxim Lawrence

FORUM OPERA décembre 2001

Laurent Petitgirard m'apparaît comme l'un de ces irréductibles Gaulois qui peuplent le village d'Astérix : faisant fi des modes et des courants, il signe à la fin du XXe siècle un opéra tonal et vocal qui renoue avec la meilleure tradition française, celle que Francis Poulenc avait sans doute été le dernier à illustrer. Connu davantage pour ses compositions symphoniques et ses musiques de film, le compositeur témoigne pourtant ici d'une réelle affinité avec l'univers lyrique. Nous connaissons l'histoire de Joseph Merrick, dit Elephant Man, grâce au remarquable film de David Lynch qui constituait un vibrant appel au respect de la dignité humaine. Cet anglais difforme, atteint de la neurofibromatose, mourut en 1890 à l'age de 27 ans. De son histoire, Eric Nonn a tiré un livret d'une grande habileté au découpage très classique et qui met en relief la psychologie des personnages et leurs sentiments contradictoires, refusant ainsi tout manichéisme.
Sur cette trame, Laurent Petitgirard a composé une partition résolument tonale, témoignant d'une incontestable habileté mélodique, d'une bonne maîtrise de la prosodie et d'un réel talent d'instrumentation, utilisant efficacement une large palette de timbres et de couleurs . L'écriture vocale, dépourvue de pièges et d'aspérités et respectueuse des tessitures, renoue avec celle de Poulenc et il ne faut pas s'étonner dès lors que des chanteurs aussi talentueux que Nicolas Rivenq, Marie Devellereau et Sophie Koch aient prêté leur concours à cet enregistrement. Nathalie Stutzmann apporte son timbre étrange au personnage de Merrick, que le compositeur a eu l'excellente idée de destiner à un contralto, et marque à la fois sa différence et son humanité, suscitant l'émotion à chacune de ses interventions. Il faut noter la performance de la colorature américaine Celena Shafer, âgée de 22 ans seulement, dans un air impossible qui culmine au contre-sol. Les chœurs sont abordés de manière plus classique encore et il ne serait pas surprenant de voir un jour figurer la superbe prière des malades parmi les compilations de chœurs d'opéras à destination du grand public. Elle constitue en tout cas une véritable scène de bravoure, au même titre que le chœur de White Chapel Road au premier acte ou que la mort d'Elephant Man.
L'enregistrement a été réalisé en 1999 à Monte-Carlo mais l'œuvre ne sera présentée sur scène (dans une mise en scène de Daniel Mesguich et avec une distribution similaire) que l'année prochaine à Prague *, théâtre qui a décidé de l'inscrire aussitôt au répertoire. Nous ne doutons pas du succès de ces représentations au regard de la qualité de la partition et du potentiel dramatique qu'elle recèle, et nous espérons assister très prochainement à la création française. Un regret pour terminer : le livret ne donne que peu d'informations sur les circonstances de la composition de l'œuvre. Une telle entreprise aurait sans doute mérité un soin éditorial plus attentif. Cette réserve ne nous empêchera pas cependant de recommander chaleureusement la découverte de cet enregistrement à tous ceux qui pensent aujourd'hui qu'une œuvre contemporaine peut regarder vers une certaine tradition sans être nullement passéiste pour autant.
Vincent Deloge
www.forumopera.com

LE FIGARO MADAME 6 Janvier 2001

La véritable histoire de Joseph Merrick, dit Elephant Man, fait l'objet du premier opéra de Laurent Petitgirard. L'ouvrage sera créé à Prague en février 2002, mais a déjà été enregistré par le compositeur avec l'Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo et de superbes jeunes chanteurs français (2 CD Chant du Monde, distribution Harmonia Mundi). Une orchestration opulente avec les taches vives des percussions et le chant nostalgique des bois. D'une fête foraine à l'hôpital de Londres, le héro effectue un parcours en quatre actes, avec la voix étrange de Nathalie Stutzmann. Elle est entourée de Marie Devellereau, de Sophie Koch, de Nicolas Rivenq et de Robert Breault. Un opéra d'aujourd'hui qui ne se prive pas d'une dissonance expressionniste.
Jacques Doucelin

PARIS PREMIERE

Un destin d'opéra
En faisant de la vie de Joseph Merrick, plus connu sous le nom d'Elephant Man, le sujet de leur premier opéra, le compositeur Laurent Petitgirard et le librettiste Eric Nonn ont fait preuve d'une intuition remarquable. Ce destin-là est bien celui dont on fait les meilleurs drames lyriques.
On pensait tout connaître du personnage popularisé par une pièce à succès et le film de David Lynch. On avait tort. Dans cette vision peu officielle et encore moins manichéenne de l'histoire, les surprises abondent.
Les auteurs ont commencé par rétablir le véritable prénom du principal protagoniste, Joseph. Pour des raisons inexplicables, ce Joseph-là qui donne son titre à l'opéra fut biffé d'un trait de plume et remplacé par John sur les registres du London Hospital où Merrick passa les dernières années de sa vie.
Le vrai coup de génie de Petitgirard a été de confier le rôle-titre à une immense chanteuse, la contralto Nathalie Stutzmann. C'est dans l'ambiguïté de son registre vocal que l'on perçoit la terrible solitude, les souffrances physiques et morales de Joseph Merrick, ses déchirements intérieurs face au désir sexuel toujours présent et aussi sa crainte effroyable d'être en définitive le mal aimé de Dieu.
Ce qui bouleverse particulièrement dans l'interprétation de Stutzmann, c'est la pudeur, la retenue émotionnelle et la dignité de l'expression.
Autour d'elle, une impeccable distribution est mise en valeur par les Français Marie Devellerreau, Sophie Koch, Nicolas Rivenq et Nicolas Courjal.
Notons également que deux Américains font une forte et durable impression : le ténor Robert Breault qui donne à Tom Norman, le forain, une dimension très humaine et surtout une ahurissante soprano colorature de 22 ans, Celena Nelson-Shafer pour laquelle Laurent Petitgirard a composé une page anthologique de pyrotechnie vocale.
Le compositeur dirige lui-même avec une belle ardeur l'Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo dans cette oeuvre où la langue française, magnifiquement ciselée, s'exprime avec une clarté digne de Ravel. À découvrir d'urgence.
François Roussillon

MusicWeb (december 2004)

Laurent PETITGIRARD (b. 1950)
Joseph Merrick, the Elephant Man
NAXOS 8.557608-9 [73.54 + 75.25]

Laurent Petitgirard's composing career stretches back to the 1970s. He has written a number of substantial orchestral scores as well as having an extensive catalogue of music for film and television (including the music for many episodes in the French 'Maigret' series and Otto Preminger's 'Rosebud'). Petitgirard has a parallel career as a conductor and was the music director of the Orchestre Symphonique de France from 1989 to 1996.

'Joseph Merrick, The Elephant Man' is his first opera, written to a libretto by Eric Nonn. In it he explores the life of Joseph Merrick, made famous in the film 'The Elephant Man' but Petitgirard and Nonn say they have based their opera more on the facts of Merrick's life whereas David Lynch's film was based on the memoirs of Dr. Treves, the doctor who supposedly rescues Merrick.

Petitgirard was attracted to the story because he wanted to deal with a dual personality. The opera portrays the duality between Merrick's inner life and his physical appearance. This is a subject which seems to be highly suitable to Petitgirard's technique as a composer. He is a supremely skilled orchestral technician, the orchestra plays a big role in the opera and Petitgirard uses it to some effect to comment upon and increase our knowledge of the characters. This has the useful effect of strengthening and deepening the continuous arioso in which the opera is written.

The opera is in four acts consisting of some twenty short scenes with a cast of eight major characters plus some seven subsidiary roles. This is a relatively large cast for just under 150 minutes of music. Apart from Dr. Treves and Merrick himself, you never get to know the other characters well. They seem to be foils for the composer's exploration of the two lead characters.

Act 1 is set in a freak show and the major role in this act is the showman Tom Norman, a lively Robert Bréault, with his sidekick Jimmy, treble Damien Grelier. Dr. Treves (Nicolas Revenq in sterling form) intervenes and ensures the closure of the freak-show. Merrick does not sing in this act but in the staging we would see him in silhouette.

Between Act 1 and Act 2, Merrick's life changes dramatically as he goes off with a travelling show before being abandoned and finally rescued by Dr. Treves at the London Hospital. We have to take all this for granted and the opera's failure to address it is one of its biggest structural failures.

Instead Act 2 cuts directly to Merrick (the stunning contralto Natalie Stutzmann) recovering in the London Hospital, only gradually learning to speak and wary of revealing himself to other people. His strongest relationship is with the nurse Mary (soprano Marie Devellereau) though their scene must compete with substantial stage time given to Dr. Treves and the hospital staff.

In Act 3 Dr. Treves exhibits Merrick to other doctors and makes him something of a celebrity when he appeals for funds to help support him. We gradually realise that Treves' motives have as much to do with his own renown as with Merrick's well-being. Merrick's confusion over the dichotomy between his own appearance and his interior feelings mean he rejects Mary's feelings for him.

Finally, he is feted and becomes an object of adulation; he is wooed by a famous actress played by coloratura soprano Celena Nelson-Shafer, who copes well with Petitgirard's stratospheric writing. Treves tells Merrick that his condition is worsening and Merrick goes into a decline, eventually committing suicide.

I loved Petitgirard's very French sound-world and the musical style of this piece. In many ways it is old-fashioned. Musically its influences are French from the mid-20th century with barely a hint of Messiaen and Boulez. This style of writing has been decried in the past but times are changing and we are coming to realise that there is a place in our musical world for operas whose virtues include strong construction and secure understanding of the operatic form, along with fine musical craftsmanship.

All the singers in the opera are exemplary. Some, such as Sophie Koch as the Hospital matron, Eva Lukes, seem rather underused. But ultimately the show belongs to Rivenq's outstanding Dr. Treves (he almost convinces us of Treves' nobility of purpose) and to Natalie Stutzmann. Stutzmann's low contralto voice is ideal for the role of Merrick, conveying a sense of his otherness and also, perhaps, giving a feeling for his lack of overt male sexuality due to his extreme disfigurement. Merrick sings far too little in the first half of the opera so that it is only very late on that we come to know him. Stutzmann brilliantly overcomes this problem with this role and delivers the final scene so powerfully that it is overwhelming.

With some varied settings and a multiplicity of scenes with a strong visual impetus (the showground, Dr. Treves' presentation to the other doctors) and its drama punctuated by a fine series of choruses (strongly sung by the French Opera Chorus), this opera must work very well on stage. This recording was made in 1999 prior to the work's stage performance and I wonder how my attitude to the work would have changed if the cast had sung their roles on stage first. I can't help feeling that this recording, lovely though it sounds, fails to quite convince on all levels. As well as being ravished I wanted to be challenged, especially considering the subject matter; Petitgirard's music just fails to address the sheer horror that the sight of Merrick must have caused.

Still Naxos are to be congratulated at bringing this recording out but it surely hampers a contemporary work if we are presented with a brief synopsis of each act and no libretto. We must be grateful that many of the cast display such excellent diction, but I feel that our knowledge of the opera is limited if we don't have access to the text.

Cast, chorus and orchestra give a tremendous performance, strongly supported by Petitgirard conducting his own work. But I must return to the structure and drama of the work. Though I loved the sound of it and will return to it many times, there were occasions when I thought that we were listening to a tone poem with voices rather than a truly dramatic work. As I have said, perhaps my perceptions would change if I saw the TV recording of the work's staging. And, after all, this recording did its work wonderfully well as it was crafted by Petitgirard to raise interest in his opera. Do try it.
Robert Hugill


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